41) L'inconstance de la vie

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41) L'INCONSTANCE DE LA VIE

 

Cette année 2007 fut incontestablement celle durant laquelle nous voyageâmes le plus.

 

Notre voisin, particulièrement bruyant, fut à l'origine de bien de nos "fuites" vers d'autres horizons.

 

Au fond de moi, j'avais conscience que ce n'était guère la bonne solution, mais mon mari ne voulait pas quitter cette maison. Un déménagement lui paraissait insurmontable. J'en souffrais... Le plus souvent en silence, mais des disputes éclataient durant lesquelles je partais me réfugier dans la chambre. Je pleurais. Je me sentais incomprise, alors que tous ceux qui venaient chez nous abondaient dans mon sens lorsqu'ils constataient les agissements de notre voisin.

 

Le dialogue entre mon mari et moi se réinstaurait dès lors que nous étions éloignés de cette maison.

 

Courant 2007, nous étions donc partis en Grèce, nous nous préparions, en Juillet, à ce séjour en Bavière et en Autriche, suscité par notre ami vidéaste.

 

Ce périple réclama une lourde organisation et un gros investissement.

 

Trois semaines à voyager d'une ville à une autre, d'un pays à un autre, nécessitèrent une réservation d'hôtels avant notre départ.

 

Une chaîne bien connue, contactée par téléphone, nous permit de nous organiser le mieux possible. Nous eûmes droit à des tarifs intéressants, dans la mesure où nous logeâmes toujours dans les hôtels relevant de cette chaîne.

 

Sur place, les visites de tous les châteaux, des musées, des sites les plus intéressants culturellement parlant, furent coûteux aussi, mais j'avais de quoi faire face à ces dépenses. Notre objectif premier était bien de visiter un maximum d'endroits, préalablement repérés et listés avec notre ami.

 

C'est ainsi que nous rentrâmes de ce voyage, ravis et enchantés par tant de beautés et enrichis culturellement.

 

Certes, trois semaines avec notre ami et sa soeur ne furent pas toujours sans incident.

 

Celui-ci ne parlait pas un mot d'une autre langue que le Français. Son intention lorsqu'il nous avait proposé de l'accompagner, n'était autre que de lui servir de "traducteurs".

 

Mon mari parlant l'Anglais couramment et moi, disposant de notions d'Allemand, il nous fut facile de nous exprimer partout sans difficulté.

 

Cette "découverte" tardive des intentions non dévoilées de notre compagnon de voyage, mit un léger frein à notre amitié, mais ne brisa rien.

 

Lorsque nous rentrâmes, courant Août 2007, la vie reprit son cours. Entre bruit et calme... Entre disputes et apaisement...

 

C'est à cette époque là que mon mari commença à déclarer des vertiges qui devinrent assez inquiétants.

 

Il avait déjà été pris d'un léger malaise lors de notre voyage de noces, un soir, lors d'une promenade dans le parc de l'hôtel. Un très faible étourdissement qui l'avait immobilisé l'espace de quelques secondes.

Sans gravité manifestement.

 

C'est le rapprochement que je fis lorsque ces vertiges survinrent. Le plus souvent, dès lors qu'il levait la tête. Tout tournoyait... "Comme s'il était un hamster sur une roue" (c'est de cette façon qu'il imagea ses malaises). 

 

Il m'annonça alors qu'il avait remarqué cela lors des visites des châteaux mais qu'il ne m'en avait rien dit pour ne pas m'inquiéter.

 

Sans négliger la question je l'obligeai à consulter un O.R.L. Ce fut avec difficulté, mais il le fit quand même.

 

Celui-ci conclut à une circulation "anarchique" des cristaux dans l'oreille interne. Il lui fit faire quelques mouvements de la tête.

Mon mari fut soulagé sur le moment, mais dut continuer à faire régulièrement ces mouvements à la maison, sur base de croquis.

Le spécialiste le lui avait conseillé en diagnostiquant finalement des V.P.P.B. (vertiges positionnels paroxistiques bénins).

 

Les choses s'améliorant légèrement, nous partîmes à l'automne dans un petit gîte que nous avions déjà occupé dans le Lot.

Un endroit dans le calme absolu, ce gîte était situé au bord d'une petite rivière, et l'environnement offrait les couleurs de l'automne.

 

Mais au retour l'état de mon mari m'inquiéta de plus en plus.

 

Un matin, alors que nous prenions notre petit-déjeuner, je constatai un comportement bizarre. Des yeux hagards... Je lui posai la question de savoir si tout allait bien, il tenta de me rassurer, mais je ne fus pas dupe.

 

Sans son avis, j'appelai les urgences d'un hôpital proche de chez nous, afin de consulter un autre O.R.L.

 

Au vu de mes explications, mon interlocutrice nous donna un rendez-vous immédiatement.

 

M'apprêtant à aller chercher la voiture pour nous y rendre, mon mari décida de m'accompagner jusqu'au garage.

 

Impossible pour lui de marcher droit. Je ne paniquai pas. Je pris le volant pour nous rendre à l'hôpital en question. Je fus soulagée de la rapidité de sa prise en charge par une O.R.L.

 

Celle-ci le positionna allongé sur une table d'oscultation.

Soudain, elle lui dit :

 

- "Placez votre cou au niveau du bout de la table et lâchez-vous vers l'arrière en basculant la tête".

 

Mon mari s'exécuta... Elle le fit se relever et lui dit :

 

- "Marchez le long de la ligne du carrelage".

 

Il chancela, s'accrochant au mur, ne sachant plus marcher sans se tenir.

 

J'éclatai en sanglots et ce médecin me dit :

 

- "Mais que se passe-t'il Madame ?".

 

N'en pouvant plus de tous ces médecins que nous avions déjà vus depuis quelques mois, je lui dis :

 

- "Mais vous ne vous rendez pas compte de son état ? C'est pire qu'avant notre arrivée ici. Faites-le prendre en charge par quelqu'un de compétent. Vous ne voyez pas qu'il va déclarer un problème neurologique ?".

 

Elle m'écouta... Quand même.

 

Mon mari fut examiné immédiatement par un neurologue qui fit procéder à une imagerie par résonance magnétique.

 

La conclusion fut nette et sans appel : mon mari venait de déclarer un accident vasculaire cérébral cérebelleux.

 

Une fissure d'une artère cervicale, vraisemblablement déjà présente, s'était accentuée par ce mouvement auquel l'O.R.L. l'avait soumis (ce que le spécialiste a toujours nié bien entendu).

 

Si cette fissure n'avait pas été diagnostiquée, mon mari aurait déclaré cet A.V.C. chez nous. C'eut alors été la mort instantanée ou la paralysie totale.

 

Ce type d'A.V.C. démarre au niveau du cervelet, partie du cerveau qui gère l'équilibre. Ce qui explique les vertiges de plus en plus importants, dont aucun médecin ou spécialiste n'avait réellement cherché à comprendre l'origine.

 

Il fut donc prescrit à mon mari un anti-coagulant assez puissant. Et après quelques jours il dut se soumettre à une nouvelle imagerie qui permit de constater une amélioration. La consolidation de l'artère était en bonne voie.

 

Par précaution, il dut se soumettre à un bilan de santé complet, avec examen des carotides pour s'assurer que tout allait bien.

 

Les résultats s'avérèrent rassurants, mais certaines gênes persistèrent sur le plan des vertiges.

 

Ceux qui furent mis au courant de ce souci de santé n'en revinrent pas que mon mari s'en sorte finalement aussi bien. Si tant est que l'on puisse le dire comme cela.

 

Je restai néanmoins très vigilante.

 

Il convient de préciser qu'après avoir été marié précédemment à une femme hypocondriaque, mon mari ne supportait plus les médecins et que tout médicament lui paraissait inutile pour lui-même.

Ceci n'arrangea rien au fait.

 

Je dus donc me débattre entre la nécessité d'un suivi médical et un homme réfractaire à toute thérapie.

 

-:-:-:-:-

 

Les mois passèrent, les fêtes de fin d'année se déroulèrent avec mes enfants la veille de Noël, et chez la soeur de mon mari le jour de Noël.

 

Afin d'éviter tout travail à ma belle-soeur, j'avais prévu le repas et tout apporté chez elle et son mari à Bruxelles.

 

Ma belle-soeur me fut très reconnaissante de ce que j'avais fait pour son frère, consciente que je lui avais en partie sauvé la vie.

Ce que mon mari refusa d'admettre.

 

Je ne puis dire que cela me fit mal, mais je ne compris pas cette obstination à nier la réalité des faits. A 65 ans cet homme n'était pourtant plus inconscient. Pourquoi jouer ainsi avec sa santé en refusant des soins et en n'acceptant pas l'idée que si je ne l'avais emmené aux urgences il ne serait plus de ce monde ?

 

C'est cet entêtement qui influait beaucoup sur nos relations.

 

Et, souvent, j'entendais ma belle-soeur lui dire : "ne fais pas avec elle ce que tu as fait avec les autres. Tu es tombé sur une perle, garde-la".

 

Je n'attendais aucune éloge, mais cela me perturba quand même... Y avait-il des zones d'ombre chez cet homme ?

 

Je le savais tendre sous un aspect "rude", mais parfois je ne supportais que difficilement certaines de ses attitudes.

 

A compter de ce moment là, j'eus la sensation de n'être bonne à rien.

 

Des reproches fusaient car je m'occupais trop de la maison, que je n'étais pas assez près de lui.

 

Pour lui, la vie devait se limiter à rester côte à côte constamment.

 

Je ne pouvais pas être comme cela. Ma belle-mère m'avait obligée à certains comportements "contre nature". Je ne voulais pas qu'il reproduise cela avec moi.

 

Or, souvent, je me vis dans l'obligation de lui dire qu'il me rappelait ma belle-mère. Ce qui le mettait dans une colère incroyable.

 

Mais je ne m'étais pas mariée pour cela. Il fallait qu'il me comprenne.

 

Le fait de ne plus travailler me pesait déjà suffisamment. Il me fallait m'occuper. Et de ce côté là les choses s'annonçaient mal.

La médecine du travail n'était manifestement pas disposée à me faire reprendre mes fonctions.

 

Nos amis durent sentir à ce moment que les choses n'étaient plus comme avant. Je n'étais plus la même, il n'était plus le même.

 

Le vide se fit autour de nous. Et cela empira notre relation.

 

Je passai alors mes journées à dormir. Je me réfugiai dans le sommeil...

 

 

L'année 2008 était entamée,  sous de bien mauvais auspices.

 

Peut-être que cet A.V.C. avait laissé des séquelles ? Peut-être mon mari se sentait-il vieillir et craignait-il de me perdre ?

 

Je ne savais pas, je ne savais plus...

 

 

-:-:-:-:-

 

Il ne nous restait que mes enfants (bien occupés de leur côté). L'aîné travaillait et profitait de ses moments libres pour voir ses amis. De temps à autres il venait déjeuner avec nous le dimanche.

Quant à son frère, il poursuivait son cycle universitaire, ses cours de théâtre et de danse, donnait de plus en plus de spectacles et profitait lui aussi de ses amis quand il le pouvait.

 

Les seules personnes que nous voyions régulièrement étaient donc la soeur de mon mari qui habitait Bruxelles avec son conjoint. C'est toujours nous qui nous déplacions, et nous passions l'après-midi et la soirée de certains dimanches avec eux. Des instants toujours extrêmement agréables.

Ma belle-soeur devenait de plus en plus proche de moi.

 

C'est cependant en ce début d'année 2008 qu'elle nous annonça que des examens du côlon lui avaient été prescrits.

Impatiemment nous attendions les résultats d'une biopsie, souhaitant ardemment qu'il n'y aurait rien de grave.

 

Mais le diagnostique fut terrible. Elle avait bien un cancer des intestins.

 

Combien de fois m'avait-elle confié une douleur au niveau du ventre. Et combien de fois lui avais-je dit qu'elle devait consulter.

Mais elle aussi présentait le même entêtement que son frère...

 

Ce fut la consternation, dans la mesure où le traitement qui lui fut prescrit sembla ne rien améliorer. Les examens de sang qu'elle nous montra régulièrement présentèrent une augmentation des cellules cancéreuses.

 

La chimiothérapie fut inévitable.

 

Au début, ce furent des séjours d'une journée à l'hôpital. Pour en arriver à des hospitalisations de plus en plus régulières en séjours plus prolongés.

 

Mon beau-frère dépérissait. Il ne mangeait plus. Il ne supportait pas ses absences, mais refusait aussi de venir chez nous l'espace d'une journée.

Le train pouvait l'y amener facilement (il ne conduisait plus depuis bien longtemps déjà). Nous y allions de plus en plus souvent, l'amenant à l'hôpital lorsque ma belle-soeur y séjournait.

 

La difficulté de cette situation résida, non seulement, dans le fait que cet homme s'appuyait sur son épouse pour tout, mais qu'il y avait leur fils handicapé qui revenait tous les quinze jours chez lui pour le week-end.

 

Mon beau-frère n'étant pas en mesure de lui assurer ses repas et de s'en occuper, les éducateurs du centre dans lequel ce garçon de 51 ans était placé se relayèrent pour l'amener chez son père l'espace d'un après-midi. Son lourd handicap réclamait beaucoup de soins et d'attention. Il ne disposait d'aucune autonomie sur le plan de l'hygiène corporelle et autres.

 

De temps en temps, les éducateurs l'emmenaient également voir sa maman à l'hôpital.

Son principal éducateur lui avait expliqué la situation. Il comprenait que sa mère était gravement malade, sans saisir toutefois l'origine du mal.

 

De notre côté, nous étions sur le point d'annuler une réservation faite dans une résidence sur Paris. Mon mari souhaitait découvrir la capitale Française et nous avions prévu de longue date d'y séjourner une semaine.

 

Ma belle-soeur refusa que nous renonçions à ce voyage. Nous partîmes donc à Paris en Mars 2008.

 

Toutes coordonnées avaient été données à notre beau-frère pour nous joindre en cas de besoin.

 

Nous avions aussi pris celles de l'hôpital afin d'appeler régulièrement.

 

Il ne nous restait plus qu'à espérer que rien de grave ne se passerait durant notre absence.

 

 

 

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Publié dans Maladie

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P
<br /> <br /> Ah, quand la santé s'en mêle !!!<br /> <br /> <br /> Malheureusement avec les années, elle se dégrade souvent. je connais bien, celle de mon mari déjà avec son cancer, et le mienne avec une fibromyalgie, enfin !!!<br /> <br /> <br /> Juste profiter des moments agréables, il y en a quand même.<br /> <br /> <br /> Il faudrait bien que je reprenne moi aussi mes écrits dans paquerette-biographie.<br /> <br /> <br /> bisous et courage<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Bonjour Paquerette,<br /> <br /> <br /> J'essaie de poursuivre cette histoire, mais j'arrive à une période bien difficile qui a perturbé beaucoup de choses... La maladie est, certes, imprévisible (pour ce qui est de cet A.V.C. tout au<br /> moins), et les cancers tu connais toi aussi. La fibromyalgie je ne l'ai pas vécue mais je connais des personnes qui en sont atteintes et j'imagine combien tu dois souffrir. D'autant qu'elle agit<br /> parfois par poussées si j'en crois ce que l'on m'en dit.<br /> <br /> <br /> Bien sûr qu'il y a des moments agréables. Et c'est lorsque l'on passe par des moments comme ceux que tu as lus que l'on se dit : "essayons d'en profiter". Mais la vie n'en fait qu'à sa tête... Tu<br /> comprendras.<br /> <br /> <br /> J'ai peine à tout concilier depuis quelques temps, et j'ai surtout besoin d'écrire pour évacuer.<br /> <br /> <br /> Reprend tes écrits toi aussi, c'est la meilleure thérapie. Mais "on bloque" quelquefois.<br /> <br /> <br /> A bientôt,<br /> <br /> <br /> Merci à toi et bon courage également.<br /> <br /> <br /> Bisous,<br /> <br /> <br /> Cathy.<br /> <br /> <br /> <br />