42) Entre joies et "malédictions"

Publié le par pourquoi-taire.over-blog.com

42) ENTRE JOIES ET "MALEDICTIONS"

 

Notre arrivée à Paris nous permit de décompresser quand même un peu, dans la mesure où ce fut une véritable découverte pour mon mari. Il manifesta un grand engouement pour les visites des sites les plus réputés, découvrit avec plaisir l'avenue des Champs Elysées et les bords de Seine...

 

Nous nous offrîmes ce plaisir d'un dîner en amoureux sur une péniche circulant la nuit au fil de l'eau...

 

Il me sembla le "retrouver" tel que je l'avais connu. Ce séjour s'avéra bienfaiteur malgré cette ombre au tableau que représentait la maladie de ma belle-soeur.

Mais les nouvelles que nous en avions n'étaient pas spécialement alarmantes. La chimiothérapie suivait son cours.

 

En rentrant, nous fîmes une halte à Chantilly pour visiter le château, son parc et les écuries (malheureusement fermées ce jour là). Mais nous fûmes enchantés par la découverte de ce lieu, certes moins grandiose que Versailles, mais qui nous charma particulièrement.

 

Connaissant les goûts de ma belle-soeur et son attrait pour la lecture, j'achetai pour elle le livre relatant l'histoire de Chantilly et de son château. Mon idée m'était venue en considérant qu'elle aurait tout loisir de le lire, son état nécessitant le repos presque complet.

 

Il s'avéra que le jour de notre retour, elle séjournait à l'hôpital de Bruxelles pour quelques jours. Nous passâmes donc d'abord lui rendre visite avant de rentrer chez nous.

 

Arrivés dans sa chambre nous la trouvâmes, certes amaigrie, mais elle avait le sourire et semblait se montrer forte face à cette épreuve.

 

Une dame était hospitalisée près d'elle. Elles paraissaient bien s'entendre toutes les deux.

 

Après avoir pris quelques nouvelles de son état, je lui tendis le cadeau que nous avions ramené de notre séjour. Elle ouvrit le paquet, vit le livre et je sentis que quelque chose n'allait pas.

 

Elle me regarda et me dit : "Ma chérie, c'est vraiment gentil de ta part tu sais, mais je ne saurai pas le lire, je n'en ai plus la force".

 

Je compris, à cet instant, que cela ne lui correspondait pas. Jamais elle ne m'aurait dit cela en temps normal. Mais ce n'était plus "le temps normal".

 

Quelques temps après, nous allâmes la voir à son domicile. Elle avait été opérée. Les médecins semblaient tenir des propos rassurants.

 

Mais la douleur dans le ventre persistait. Elle s'en plaignait.

 

Un jour elle nous montra sa plaie. Je constatai, à mon sens, une légère infection, mais je ne compris pas car une infirmière venait chaque jour à son domicile refaire le pansement, ainsi qu'une piqûre puisqu'elle avait aussi déclaré une phlébite.

 

Je me permis de lui dire gentiment qu'il me semblerait plus prudent de consulter à nouveau le chirurgien ou un spécialiste à l'hôpital.

 

Elle eut une réaction assez violente qui m'étonna particulièrement. Elle ne m'avait jamais parlé comme cela.

 

Ce jour là nous retournâmes chez nous, sans qu'il y ait cependant de "brouille" entre ma belle-soeur et moi.

 

C'est tout au moins ce que je croyais, car un jour où je tentai de la joindre chez elle, ce fut son mari qui décrocha (ce qui arrivait rarement). Je demandai des nouvelles de son épouse. Il me répondit qu'elle ne voulait plus m'entendre au téléphone. Je lui passai donc mon mari en pleurant.

 

Elle m'avait là véritablement blessée dans la mesure où je ne compris pas sa réaction. Elle ne voulut me donner aucune explication, ni même à son frère d'ailleurs.

 

A compter de ce jour d'Avril 2008, elle refusa tout contact avec nous.

Mon beau-frère dut se rendre à l'évidence qu'elle n'était plus la même, mais se plia à son exigence de rompre le lien qui nous unissait.

 

Nous perdîmes donc ce couple, pourtant dans la détresse morale, et cela m'affecta profondément.

 

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Mon mari ayant eu, durant l'année 2007, l'idée de m'inscrire sur un forum médical afin que je tente d'aider les personnes épileptiques, je me lançai à corps perdu dans cette "activité". Je m'étais créé "involontairement" un petit cercle d'habitués qui me prirent en amitié et recherchèrent de plus en plus les pistes que je pouvais leur donner pour gérer au mieux cette maladie, que je gérais moi-même depuis quarante ans.

 

Je fus la cible d'une femme, manifestement jalouse de mes contacts avec un homme qu'elle convoitait sans doute.

 

Je pris donc mes distances face à cela et changeai de lieu d'intervention. Il y avait sur ce forum une salle de discussions "détente". Je tentai donc de m'y intégrer, avec la ferme intention de me changer les idées.

 

Mais un homme m'interpella en messagerie privée. Il s'agissait d'un médecin, épileptique lui aussi, qui me fit part de son agréable étonnement à la lecture de mes messages sur ce forum. 

Or, j'avais cessé depuis peu mes interventions et ne comptai pas recommencer.  Il demanda à entamer un contact par boîte mails. J'acceptai.

 

Cela fit réagir mon mari qui soupçonna chez mon interlocuteur une volonté de me "draguer" (pour reprendre son terme). Soupçon qu'il portait sur chaque homme de mon entourage, ou sur chaque personne du sexe masculin qui m'approchait en quelque lieu que ce soit.

 

Cela devint franchement insupportable. Je me sentis épiée, et en proie à une jalousie constante que je ne pus canaliser que très difficilement.

 

Mais, néanmoins, je maintins mon contact avec ce médecin. Il me vouvoyait, était très correct envers moi. Il ne m'avait d'ailleurs jamais demandé mon numéro de téléphone. Notre discussion n'avait lieu que sur boîtes mails interposées. Il me parla même de son épouse et de ses enfants.

 

Je n'avais vraiment rien à craindre de cet homme qui avait cessé d'exercer dans la mesure où son état de santé ne le lui permettait plus. Il ne me cacha d'ailleurs pas à quel point il était affaibli par la maladie, à 60 ans environs. Mon mari se fit une raison de cette relation.

 

J'avais également fait la connaissance d'une femme âgée d'une cinquantaine d'années. Nos contacts sur ce forum étaient agréables. Tout cela me changea les idées et me fit grand bien.

 

Entre-temps, nous continuions à voir mes enfants. Mon plus jeune fils m'avait annoncé sa rupture avec son petit ami. Il s'était beaucoup confié.

Je tentai de le consoler au mieux, tout en comprenant que son ex-ami était animé d'un souci de "briller". Agé de trois ans de plus que mon fils, partageant la même école de danse, il n'avait pas supporté que la directrice souhaite que mon fils intègre le cours dit "master", alors qu'il était réservé aux plus avertis. Son talent l'avait amené à être mis en avant sur scène lors des spectacles. Son ex-petit ami ne pouvait l'admettre.

 

Cela avait nui à leur relation et provoqué la séparation.

Mon fils avait, heureusement, conservé son indépendance et était resté dans son appartement, ce qui n'occasionna aucun souci de ce point de vue là. 

 

 

De mon côté, les échanges avec cette dame, rencontrée sur ce forum et habitant la région Bordelaise, se renforcèrent, au point qu'elle me proposa de nous rencontrer durant l'été en Provence.

 

Elle y séjournait quelques temps avec son mari sur leur bateau. Nous louâmes, mon mari et moi, un gîte à proximité de la capitainerie de leur port d'attache.

 

Ce couple, en retraite (lui âgé de 60 ans et elle en retraite pour invalidité), partait chaque année quelques mois en bateau. Cette année là ils voguaient sur le canal du midi en passant par le Rhône... Un périple durant lequel ils séjournaient une ou deux semaines au même endroit.

 

En Juillet 2008, nous partîmes donc près de Salon de Provence, dans un gîte avec piscine.

Une petite folie, certes, mais l'envie d'en profiter était là. J'avais également besoin de contacts, mon mari se renfermant de plus en plus sur lui-même depuis que sa soeur ne souhaitait plus nous entendre.

 

Ces vacances furent agréables, nous découvrîmes de très beaux sites dans cette région du Sud-Est de la France, à quarante kilomètres de Marseille environ.

En quinze jours, nous passâmes quelques journées avec nos amis. Des repas dans notre gîte, ou sur leur bateau, ou au restaurant. Des visites en commun, ou chacun de notre côté aussi. Et une journée entière à sillonner le petit Rhône sur leur bateau, jusqu'en Camargue.

Mon mari s'adonna à la "conduite" de ce bateau de 9 mètres de long, sous l'oeil avisé de notre ami, pendant que je discutai avec son épouse... Nous devinrent assez rapidement proches. Tout se passa à merveille. Mon mari fut enchanté de ce séjour et de cette amitié naissante. Il se sentait, de son côté, beaucoup d'affinités avec cet homme à peu près de son âge, très cultivé et d'humeur joviale.

 

Pendant que ce couple continua son périple en bateau, prévu jusqu'en Octobre, nous rentrâmes chez nous après quinze jours d'un total dépaysement.

 

Nous étions donc en Août 2008.

  

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De retour à la maison, nous trouvâmes dans notre courrier une lettre qui m'était spécialement adressée, l'adresse écrite à la main m'intrigua. Je ne reconnus pas l'écriture. Aucun expéditeur n'était mentionné au dos de cette correspondance.

 

J'ouvris ce courrier et découvris qu'il émanait de ma belle-soeur.

 

A la lecture de cette missive je fus emplie d'émotion, en constatant qu'il s'agissait d'une lettre m'expliquant les raisons de sa réaction brutale à mon égard. Elle s'en excusait et réclamait ma compréhension, mon retour vers elle, tout en indiquant qu'elle reconnaissait sa méchanceté et comprendrait parfaitement que je ne veuille pas rétablir ce contact. Elle ajoutait en guise d'explication qu'elle était à ce moment là très mal, qu'elle cachait sa peur de la maladie et s'en était prise à la personne qu'elle affectionnait le plus. Sans toutefois pouvoir en déterminer les raisons.

 

Je fis lire la lettre à mon mari, qui n'en revint pas... Connaissant le caractère de sa soeur, peu encline à ce genre de propos, de nature fière et orgueilleuse, reconnaissant difficilement ses torts, il me dit alors :

 

- "Pour t'écrire cela, c'est vraiment qu'elle t'aime beaucoup et qu'elle est malheureuse".

 

Il me laissa juge de ma réaction.

 

Sans hésiter un instant, je pris le téléphone pour appeler ma belle-soeur.

 

En entendant ma voix elle me dit immédiatement :

 

- "Tu me pardonnes ?".

 

Emue et touchée, je lui répondis :

 

- "Même si tu m'as vraiment fait mal, bien sûr que je te pardonne. Je t'aime beaucoup tu sais. Je n'ai pas compris ta réaction, j'en étais malheureuse car je l'ai ressentie comme une injustice. Je ne cherchais que ton bien. Comment vas-tu ?".

 

Elle m'expliqua que son état ne s'améliorait pas vraiment. Qu'elle souffrait en fait davantage des effets secondaires de la chimiothérapie, mais qu'elle tentait de faire face au mieux... Pour son fils.

 

Cette femme n'avait jamais accepté le handicap de son enfant, dont la raison reste et restera toujours un "mystère".

 

Mon mari se souvenait d'une version, jamais "officialisée" néanmoins :

 

Etant nourrisson, cet enfant serait tombé de la table à langer sans que son père, présent près de lui, puisse éviter la chute.

 

A l'époque, une consultation immédiate n'avait donné lieu à aucun diagnostic alarmant. Mais quelques jours après, un kyste était apparu au niveau de la tête. La suite était celle que nous connaissions : un lourd retard mental et une déficience motrice.

A 51 ans, cet homme avait l'âge mental d'un enfant de 9 ans.

Un drame pour les parents. Et manifestement une cassure dans ce couple qui continuait à vivre tant bien que mal... L'une en voulant à l'autre, et l'autre s'en voulant à lui-même, culpabilisant sur ce fait dont il n'était pourtant pas responsable. 

 

J'avais bien senti chez ma belle-soeur que sa vie tournait autour de ce garçon qu'elle couvait comme on couve encore un bébé, bien qu'elle ait dû le placer tant son état était difficile à gérer.

 

Elle ne vivait que dans la hantise de disparaître avant lui... "Qui s'occupera de lui ? Comment s'en sortira-t'il ? Mon mari ne saura jamais faire face...".

Ce leit motiv je l'entendais depuis que je la connaissais.

 

Et de mon côté, je ne pouvais être insensible à cela. Son fils je l'appréciais beaucoup et - à sa manière - il me le rendait bien.

Il aimait beaucoup mon mari aussi. Tous réunis nous passions souvent de très bons moments.

 

Cette réconciliation avec ma belle-soeur m'apaisa beaucoup, même si je la savais très gravement malade. Nous reprîmes nos contacts comme si rien ne s'était passé. Ses séjours à l'hôpital se poursuivirent, mais l'espace d'une journée seulement chaque mois.

 

Nous approchions tranquillement du mois d'Octobre 2008. Nous avions gardé d'excellents contacts avec nos amis de Bordeaux, j'étais toujours en relation avec ce médecin sur internet.

 

Seuls nos anciens amis, géographiquement plus proches, se faisaient toujours silencieux depuis l'A.V.C. de mon mari.

Je n'entendais plus non plus mon cousin et son épouse, mais je les savais très occupés. Tous deux étant dans l'enseignement.

 

Cette année 2008 aurait néanmoins pu se terminer agréablement, si un évènement totalement inattendu n'était venu tout perturber...

 

 

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P
<br /> <br /> Ah bon? un évènement grave?<br /> <br /> <br /> bisous<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> "Grave" n'est même pas le mot, Paquerette... J'ai commencé à écrire ce chapitre là hier, j'ai dû arrêter... C'est "inimaginable" (je crois qu'il faut le dire comme cela). Ce n'est pourtant que la<br /> stricte vérité !<br /> <br /> <br /> Bisous,<br /> <br /> <br /> Cathy.<br /> <br /> <br /> <br />